Une nouvelle année au service des droits des enfants ?
Cette année 2020 débute avec le dévoilement de plusieurs affaires d’abus sexuels, qu’elles concernent des jeunes filles ou de jeunes garçons comme dans l’affaire Preynat.
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette actualité de début d’année. D’abord le constat que de plus en plus de victimes trouvent le courage et les soutiens nécessaires pour solliciter la justice, et porter plainte. Il y a là le signe d’une évolution de la prise de conscience de l’étendue et de la gravité de cette violence.
Enfin, cette actualité nous invite à réfléchir sur ce qu’a pu être, à une certaine époque, la complaisance à l’égard de pratiques qui, sous couvert de liberté sexuelle, aboutissaient à encourager la pédocriminalité.
L’OVEO exerce sa vigilance à l’égard de comportements éducatifs qui portent préjudice aux besoins des enfants (tels que les châtiments corporels ou les violences verbales). Le corps des enfants reste encore aujourd’hui la cible privilégiée de cette violence éducative dont la fréquence demeure bien trop massive. Les humiliations qui se cachent derrière des exigences éducatives provoquent un grand désordre émotionnel et bouleversent les repères personnels de l’enfant.
Lorsque son corps et son psychisme deviennent le terrain où s’exercent les violences de ceux qui sont censés le protéger, l’enfant va se construire une image de lui-même totalement dénaturée. Les défenses et les alertes qu’il peut mobiliser en cas de danger sont bien souvent désactivées et rendues inopérantes.
Cette transgression de son intimité (comme donner une fessée, forcer à embrasser un adulte, et globalement le fait d’agir sur lui sans son consentement) objective son corps et le dépossède de sa capacité à créer et inventer sa propre sensualité. Elle représente le meilleur allié d’un éventuel abuseur qui aura toutes les facilités d’action pour exercer sa séduction et son emprise.
La violence éducative fragilise nos protections naturelles contre les risques d’une intrusion d’autrui dans notre sphère intime, aussi notre engagement pour l’éradiquer prend-il tout son sens au regard de cette actualité de début 2020.
Après la promulgation de la loi relative à l’interdiction des « violences éducatives ordinaires » du 10 juillet 2019, nous attendons que cette année soit l’occasion pour les ministères concernés de dégager les moyens pour une politique d’information et de prévention de la violence éducative, à l’échelle du pays. Notre prochaine assemblée générale des 28 et 29 mars sera une belle occasion pour nous retrouver et débattre de ces questions.
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