Un dossier sur la parentalité positive dans le journal Libération
Suite à la nouvelle campagne de la Fondation pour l’Enfance contre les violences éducatives ordinaires, le journal Libération a publié le 7 février un dossier titré « Éducation bienveillante - Le mythe du parent parfait ».
Le dossier s’intéresse à l’émergence d’écoles de la parentalité bienveillante et de stages de parentalité positive proposés aux parents, l’OVEO y est cité à plusieurs reprises.
Depuis sa création, l’OVEO a construit et mis à disposition du public des outils pour permettre de bien analyser cette question de la violence éducative ordinaire tout en prenant soin de ne pas prendre parti pour une quelconque « école de la parentalité » 1.
Dans ce qui est devenu un grand marché de la « bienveillance éducative », nous savons qu’il existe des dérives qui s’apparentent parfois à de la « manipulation positive » dans le seul but obtenir l’obéissance des enfants, et notre observatoire demeure indépendant de toute école de parentalité.
Cela dit, nous nous réjouissons qu’un nombre grandissant de parents se posent des questions sur l’exercice de la parentalité et recherchent plus de bienveillance à l’égard de leurs enfants.
Le sociologue Claude Martin, interrogé dans le reportage, donne crédit à « l’idée qu’il est bien préférable d’être non-violent, de négocier, d’être bienveillant avec ses enfants ». Cependant, il qualifie l’éducation bienveillante de « déterminisme parental » qui minorerait les capacités de résilience des individus, et évacuerait « les questions du collectif, de l’environnement social, du politique ». La question des inégalités sociales serait niée ainsi que « son impact sur le niveau de bien-être ».
Nous sommes bien conscients que les conditions sociales ont un impact sur le contexte éducatif dans les familles, même si ces conditions ne nous semblent pas déterminantes. Les ouvrages d’Alice Miller ont bien démontré que la violence éducative concerne toutes les couches sociales et que sa source réside dans une répétition de génération en génération, si aucune prise de conscience n'a lieu. Alice Miller donne un élément de réponse lorsqu’elle évoque l’intervention de témoins secourables qui permettent cette prise de conscience. Et la résilience ne peut advenir hors de la présence d’un témoin qui prend clairement la défense de l’enfant humilié et battu.
Depuis que l’OVEO se mobilise pour une prise de conscience de la nocivité de la violence éducative, beaucoup de choses ont évolué. Le terme de violence éducative ordinaire est repris par tous, la plupart des organes de presse prennent cette question au sérieux et l’abordent avec une sensibilité qui démontre une évolution positive de cette prise de conscience.
Ce dossier de Libération en est la preuve. Il n’en reste pas moins que certaines idées ont la vie dure, et Alexandra Schwartzbrod, dans son éditorial, semble bien le confirmer lorsqu'elle écrit en conclusion qu’il convient de laisser « les parents se faire confiance ».
Or, nous savons que la singularité de chaque parent dépend des aléas de son histoire plus ou moins accidentée, et qu’il peut entretenir un rapport à la violence parfois extrêmement discutable au regard de l’intérêt et de l’intégrité de l’enfant.
Qu’aurait écrit Mme Schwartzbrod si le législateur avait choisi de laisser les couples « se faire confiance », au lieu de légiférer contre les violences conjugales ?
À l’OVEO, nous soutenons cette campagne de la Fondation pour l’Enfance et demandons la mise en place d’une véritable politique de prévention, avec l’instauration d’un cadre législatif qui interdise clairement tout recours à la violence éducative, qu’elle soit physique ou psychologique.
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