Misopédie. La domination adulte dans les discours contemporains artistiques, scientifiques, politiques et médicaux
Les 3 et 4 octobre 2024 a eu lieu à Limoges le colloque Misopédie. La domination adulte dans les discours contemporains artistiques, scientifiques, politiques et médicaux, organisé par Cécile Kovacshazy, maîtresse de conférences habilitée à l'université de Limoges et membre de l'OVEO. Plusieurs membres de l'OVEO étaient présents et/ou sont intervenus.
Les actes du colloque seront publiés à l'automne 2025. En attendant, on peut réécouter la plupart des interventions sur le site du colloque et lire la présentation. Extrait :
"La misopédie est la haine des enfants (comme on parle de misogynie, à propos des femmes). C’est le sentiment de mépris – le plus souvent inconscient – qu’on porte aux plus jeunes, le rejet qu’on leur fait subir dans le fonctionnement de la polis. Être ou avoir été un·e enfant est la seule et unique expérience universelle commune à tous les êtres humains de la planète. Et pourtant, de génération en génération se reproduit une incapacité à entrer en lien empathique avec l’enfance, une fois qu’on l’a quittée. Cette misopédie n’est pas universelle mais elle est assez répandue et varie bien sûr selon les époques et les lieux."
Deux contributions peuvent être lues sous forme d'articles sur le site Regard conscient : celle de Daliborka Milovanovic, Séparer, contenir, surveiller : des structures élémentaires de la domination adulte sur les jeunes, et celle de Marc-André Cotton, Les sciences du comportement et la domination adulte : une revue d’études scientifiques 1.
Lire l'article de Mathilde Lelièvre sur le concept d'enfantisme, opposé à la misopédie.
Ecouter le petit reportage audio de Célia Grincourt sur le colloque (6 mn 16 s).
Le colloque Misopédie II. La domination adulte dans les discours contemporains artistiques, scientifiques, politiques et médicaux aura lieu les 9 et 10 octobre 2025. Les propositions de communications sont à déposer avant le 1er mars 2025. Voir l'appel à communications. Version imprimable (version anglaise consultable ici).
Dans son intervention "La misopédie vue de la préhistoire", Olivier Maurel annonce son prochain livre en réponse à celui de Bernard Lahire, Les Structures fondamentales des sociétés humaines, où l'auteur développe l'hypothèse d'une "loi dépendance-domination" selon laquelle la soumission serait liée à la dépendance du petit humain. Pour Olivier Maurel, les anthropologues ne se sont pas assez intéressés jusqu'ici à la non-soumission à l'autorité chez les chasseurs-cueilleurs, avant l'apparition au néolithique (à des époques diverses) de structures de domination dues aux changements dans les modes de vie, en particulier avec l'agriculture, qui incitait au travail contraint, d'où l'apparition progressive de coutumes "éducatives" qui détruisent très tôt dans l'enfance l'attitude spontanée de résistance à l'autorité. Ainsi, ce qui détermine la soumission n'est pas l'apparition de "leaders", mais le fait qu'on ait commencé à les prendre au sérieux avec l'apparition de la violence éducative. Le terme "misopédie", peu usité dans la littérature sociologique et psychologique (voir ici quelques citations) a été remis en honneur par Olivier Maurel dans son livre Oui, la nature humaine est bonne ! (2009) 2.
- Nous recommandons la lecture des deux articles en lien, résumés dans cette contribution, sur le behaviorisme et le time-out : Isolement de l’enfant : que nous dit la recherche ? (1/2) et Isolement de l’enfant : que disent (vraiment) les recherches sur le « time-out » ? (2/2).[↩]
- Le mot "misopédie" était si peu courant jusqu'ici - il ne figure pas dans la plupart des dictionnaires - qu'Olivier Maurel l'a "réinventé" en 1999 - en relation avec la critique du mot "pédophilie", qui suggère improprement l'amour des enfants. Il commence à l'utiliser en 2005 dans la rédaction de son livre, avant de découvrir que le mot existait déjà "avec des sens différents, sauf chez Christiane Rochefort qui l'a créé à peu près avec le même sens que [lui]".[↩]
‹ Ce n’est pas une question de comportement ! Pourquoi l’idée même d’éducation est toxique ›