Maltraitance des enfants : un phénomène mal signalé
La maltraitance meurtrière décrite par cet article, dont est extrait le paragraphe ci-dessous, est liée de deux manières à la violence éducative ordinaire :
- les parents meurtriers ont sans doute commencé par "corriger" leur bébé, selon le principe admis qu'un enfant aurait besoin d'être corrigé, mais pour une raison ou pour une autre, ils ont dépassé les limites tolérées, d'ailleurs très floues ;
- ils avaient sans doute subi eux-mêmes dans leur enfance des violences qu'ils ont fidèlement répétées, en un peu plus fort...
En recoupant les données existantes, Anne Tursz arrive à un taux de 1 % d'enfants maltraités. Mais, elle s'empresse d'ajouter que la réalité est sûrement plus proche des chiffres qui viennent d'être publiés dans le Lancet. « Près d'un enfant sur dix habitant dans un pays à revenus élevés subirait chaque année une forme de mauvais traitements ». Selon l'Inserm, cette approximation serait en partie due au fait que « l'un des principaux lieux d'accueil des enfants victimes de mauvais traitements, les urgences hospitalières, ne produisent aucune donnée. » Les deux chercheurs rappelent aussi que la maltraitance touche toutes les catégories socio-professionnelles, qu'il ne faut pas la chercher chez les familles en situation de précarité. Anne Tursz s'inquiète aussi d'un changement de discours institutionnel. « Peu à peu le discours officiel change de nature. De la maltraitance des enfants, on glisse peu à peu vers un discours sur les enfants violents... Je tiens à rappeler que la violence de l'enfant peut avoir comme origine la maltraitance. »
A lire : « Enfants maltraités : les chiffres et leur base juridique » Dr Anne Tursz et Pascale Gerbouin-Rérolle, éditions Lavoisier (décembre 2008)
A noter sur le sujet, l'article "Étude épidémiologique des morts suspectes de nourrissons en France : quelle est la part des homicides ?" de Anne Tursz, Monique Crost, Pascale Gerbouin-Rérolle et Julien Beauté, paru dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut de veille sanitaire (BEH n°03-04, 22 janvier 2008).
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