Les punitions et châtiments corporels ont un effet sur la santé
« L’avenir de toute société dépend de sa capacité à assurer le bon développement des générations nouvelles. D’importantes recherches sur la biologie du stress montrent aujourd’hui que le développement normal peut être entravé par l’activation excessive ou prolongée des systèmes de réaction au stress du corps (particulièrement du cerveau), avec des effets préjudiciables sur l’apprentissage, le comportement et la santé, effets qui peuvent se prolonger durant la vie entière2. »
Lorsque le cerveau d’un mammifère anticipe un danger, cela déclenche en lui une série de réactions. Tout d’abord, l’hypothalamus sécrète la corticolibérine (ou CRH, corticotropin-releasing hormone), stimulant la glande pituitaire pour qu’elle produise la corticotropine ou ACTH (adreno-corticotrophine hormone). L’ACTH déclenche les glandes surrénales, qui libèrent du cortisol et de l’adrénaline (ou épinéphrine). Le cortisol contribue à maintenir un taux de sucre élevé dans le sang afin de produire de l’énergie, tandis que l’adrénaline fait croître le rythme cardiaque et respiratoire pour envoyer davantage de sang dans les membres. Ces changements apportent au corps un surcroît immédiat d’énergie destiné à lui permettre de se protéger contre un danger imminent. Une fois que la menace s’éloigne, l’organisme tend à revenir à son état normal.
L’exposition à long terme au stress, elle, a des effets bien différents. Elle peut produire des symptômes chroniques et débilitants tels que perte de mémoire, affaiblissement du système immunitaire, hypertension, ulcères stomacaux, problèmes de peau, prise de poids, troubles digestifs. Le processus est fondamentalement le même qu’il s’agisse d’un rat de laboratoire soumis à un régime continu de chocs électriques ou d’un enfant qui vit dans la peur des punitions. L’exposition prolongée du cerveau d’un enfant en plein développement aux hormones du stress peut avoir des effets permanents sur sa capacité à réguler ses émotions, sur son agressivité, sur sa capacité d’attention et ses facultés cognitives.
1. How punishment can affect health, article publié en juin 2009 sur le site Project NoSpank de l'association américaine PTAVE (Parents and Teachers Against Violent Education).
2. Sources (en anglais uniquement) : Toxic Stress: The Facts, Center on the Developing Child, Harvard University ; American Academy of Pediatrics Calls for Action to Address Toxic Stress (appel lancé par l’association des pédiatres américains pour des mesures de prévention du stress toxique dû à la violence éducative, en particulier chez les jeunes enfants).
A lire sur le même sujet :
-Un article en anglais récemment publié sur le site Project NoSpank et qui résume vingt ans de recherches sur la violence éducative ! Physical punishment of children: lessons from 20 years of research, par Joan Durrant et Ron Ensom, Canadian Medical Association Journal, 2012.
-Adah Maurer, Châtiments corporels et « réaction d’alarme ».
-L'intervention de Françoise Charrasse, membre de l'OVEO, sur Les effets de la violence éducative, au colloque 2010 de la FF2P Amour et châtiments.
-L'intervention du Dr Muriel Salmona au même colloque sur la mémoire traumatique.
-L'intervention de Fabienne Cazalis, membre de l'OVEO, au colloque 2011 de la FF2P Empathie, attachement et violence éducative.
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