Quand on a rencontré la violence pendant l'enfance, c'est comme une langue maternelle qu'on nous a apprise.

Marie-France Hirigoyen.

Le pouvoir contre l’empathie

Une étude menée par Sukhvinder Obhi, neuroscientifique à l’Université Wilfrid Laurier en Ontario (Canada), et dont les conclusions ont été publiées en 2013, tend à prouver que le fait d'avoir du pouvoir réduit la capacité d'empathie. Cette étude renforce de multiples impressions que chacun a pu éprouver en présence d'un individu exerçant un pouvoir quelconque, ou quand on se trouve soi-même en position de pouvoir.

Mais, lorsqu’on met ce phénomène en lien avec la violence éducative, ce résultat apparaît comme doublement intéressant. D'abord pour toutes les personnes qui ont un pouvoir sur les enfants (parents, enseignants, peut-être adultes en général) et qui risquent donc de perdre une partie de leur empathie avec les enfants dont elles s'occupent. D'autre part du point de vue des enfants eux-mêmes, dans la mesure où le modèle qu'on donne à un enfant en exerçant un pouvoir sur lui risque de l'amener à reproduire avec les autres des rapports de pouvoir, donc de moindre empathie.

Cette étude semble bien mettre au jour, dans la structure hiérarchique des sociétés, l'un des ressorts qui font perdre à notre espèce le meilleur de son humanité.


Source : Hogeveen, J., Inzlicht, M. & Obhi, S.S. (in press, 2013) Power Changes the way the Brain responds to Others, Journal of Experimental Psychology: General. (Egalement en lien sur le site de l'un des auteurs, Michael Inzlicht.)

Article en anglais du 10 août 2013 sur le site de la NPR (National Public Radio, radio nationale aux Etats-Unis) : When Power Goes To Your Head, It May Shut Out Your Heart.

Articles en français :

- Influence du pouvoir sur l’empathie (25 septembre 2015) ;

- Etude sur l’influence du pouvoir sur l’empathie (23 août 2015).


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