Il ne peut y avoir plus vive révélation de l'âme d'une société que la manière dont elle traite ses enfants.

Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté.

La première violence humaine, c’est vouloir que l’autre soit autre qu’il n’est

Je me rends compte au fur et à mesure de l’avancement de mon travail sur moi (en fait l’autre moi) que beaucoup de mes comportements étaient liés à la VEO.

Je suis en train de faire un bilan de compétences pour savoir où j’en suis sur le plan professionnel. Mon parcours a été semé de beaucoup de changements d’entreprise, je ne comprenais pas d’où venait cette insatisfaction permanente.

Il faut dire qu’au départ je n’ai pas vraiment choisi mon orientation. En effet, mon désir était de redoubler ma troisième, que j’avais complètement ratée à la suite d’un déménagement en quatrième alors que j’avais toujours été un élève dans la moyenne. Bien évidemment, pour mes parents, redoubler aurait été honteux aux yeux de l’entourage, c’est pourquoi j’ai dû me résigner à m’orienter vers une formation agricole (seul débouché honorable pour les élèves en difficulté), domaine qui ne m’était absolument pas familier.

Par la suite, par manque de choix, j’ai suivi une formation agro-alimentaire, je ne savais pas à l’époque que l’alimentaire avait un lien avec la mère (nourriture = vie = mère). Bien sûr, il faut avoir en mémoire tous les dégâts qu’une éducation autoritaire avait produits sur mon psychisme.

Mon diplôme en poche, car je me devais de réussir pour satisfaire les désirs de mes parents, j’ai commencé à errer dans le monde professionnel, avec toujours cette peur du patron dont j’ai compris il y a peu de temps que je l’identifiais à mon père.

Parallèlement à leur désir de ce qu’ils auraient voulu que je sois, mes parents se sont peu occupés de moi les premières années, se reposant sur leurs obligations professionnelles (je pense plus par crainte de m’élever) et ainsi laissant à mes grands-parents la responsabilité de mon éducation. Leur démission, qui a éveillé en moi la peur de l’abandon, combinée à la VEO, puisque face à ma turbulence (je voulais attirer leur attention) mes parents n’avaient d’autres solutions que de me donner des fessées, a déclenché en moi la peur de ne pas être aimé. Cette peur s’est retrouvée dans mes fonctions professionnelles, car j’étais incapable de diriger une équipe puisque j’étais toujours confronté au terrible dilemme, faire plaisir au patron sans être mal vu par l’équipe.

Il était par conséquent impossible pour moi de continuer dans cette voie qui ne proposait que des postes d’encadrement. J’ai cru alors qu’en me mettant à mon compte (toujours dans l’alimentaire) je gagnerais une certaine indépendance. C’était bien naïf de ma part, car, bien sûr, cette dépendance (attente d’être aimé) que je ressentais était en moi et je retombais dans ce dilemme : satisfaire la clientèle sans pouvoir dire le fond de ma pensée parce que la clientèle me faisait vivre.

N’est-ce pas finalement cette notion qui est la plus importante, être toujours en attente d’amour parce que l’enfant n’a pas reçu les preuves d’amour nécessaires pour son bon développement, et cela le suit toute sa vie (jusqu’à une prise de conscience si par chance elle arrive) dans tous les domaines, affectif, professionnel, relationnel… la seule origine selon moi après toutes mes recherches personnelles est la VEO, qu’elle soit verbale, physique ou psychologique, transmise de génération en génération.

Olivier, 40 ans, membre de l'OVEO.


"La première violence humaine, c’est vouloir que l’autre soit autre qu’il n’est." Daniel Morin.

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