Quand on a rencontré la violence pendant l'enfance, c'est comme une langue maternelle qu'on nous a apprise.

Marie-France Hirigoyen.

Je ne pardonnerai jamais à ma famille de m’avoir fait subir ce cauchemar

7 décembre 2024Accueil, Vos témoignages sur la VEO 65 vues Imprimer Imprimer

Témoignage reçu en réponse au questionnaire du site.

Avez-vous subi vous-même de la violence éducative au cours de votre enfance ? Sous quelle forme ?

Énormément, psychologique (cris, chantage alimentaire), physique (fessées, gifles, tapes, ceinture etc.).

À partir de et jusqu'à quel âge ?

Certainement à un âge où il y a l'amnésie infantile et jusqu'à mes 16 ans, donc un peu moins de 16 ans.

Par qui ?

Mère, Mamie, Oncle. (Mon père est absent, il est loin de moi)

Cette(ces) personne(s) avaient-elles elles-mêmes subi de la violence éducative dans leur enfance ? De quel type, pour autant que vous le sachiez ?

Ma maman a subi des violences de mon papy et excédée, elle a perpétué cette éducation sans savoir l'impact désastreux que ça aurait jusqu'à aujourd'hui.

Vous souvenez-vous de vos sentiments et de vos réactions d'alors (colère, tristesse, résignation, indifférence, sentiment d'injustice ou au contraire de l'avoir “bien mérité”...) ?

Un peu de tristesse, de la dissociation (je me sentais déconnectée durant ces longs moments de souffrance), énormément de colère et infiniment de haine.

Avez-vous subi cette(ces) épreuve(s) dans l'isolement ou avez-vous eu le soutien de quelqu'un ?

Aucun soutien, tout le monde encourageait ma maman à me corriger davantage (oncle, mamie).

Quelles étaient les conséquences de cette violence lorsque vous étiez enfant ?

Dépression infantile, isolement social, amnésie face à tout ça, peur et je dirais même hypervigilance envers ma maman.

Quelles en sont les conséquences actuelles ?

Des cauchemars, des flashbacks, une peur de l'abandon, du rejet et du jugement. Terrorisée lorsque la tension monte entre un parent et son enfant. Difficultés relationnelles et sociales. Peur de la violence physique quand l'autre est énervé(e). Des crises de larmes, d'angoisse. Douleurs somatiques là où je recevais les violences. Développement du trouble dissociatif de l'identité, du trouble du stress post-traumatique, du trouble panique et d'un état dépressif.

Si vos parents ont su éviter toute violence, pouvez-vous préciser comment ils s'y sont pris ?

Ma maman utilisait la violence même quand ce n'était pas “nécessaire” donc non.

Globalement, que pensez-vous de votre éducation ?

Un désastre, une enfance ruinée, pire encore. Sortir de ce cauchemar a été une renaissance.

Viviez-vous, enfant, dans une société où la violence éducative est courante ?

Extrêmement courante, encouragée, et fait en public. Violences physiques principalement sur des filles d’environ 5 ans par leur mère en public pour mauvais comportement de la fille.

 Qu'est-ce qu'évoque pour vous l'expression « violence éducative ordinaire » ? Quels types de violence en font partie ? Et quelle différence faites-vous, le cas échéant, entre maltraitance et « violence éducative ordinaire » ?

Les VEO sont certainement des violences banalisées par notre société depuis à peu près toujours. Alors que la maltraitance, c'est vraiment au-delà, ce n'est pas seulement de la violence, c'est de la mise en danger comme de mettre en sous-nutrition par exemple.

Avez-vous des objections aux idées développées par l'OVEO ? Lesquelles ?

Pas du tout, ça a l'air très bien.

Comment nous avez-vous connus ?

Instagram.

Ce site a-t-il modifié ou renforcé votre point de vue sur la violence éducative à l'égard des enfants ?

Renforcé

Si vous acceptez de répondre, merci de préciser sexe, âge et milieu social.

Femme, 18 ans, pauvre

J'aimerais ajouter que ça serait sympa de faire de la sensibilisation dans les rues et peut-être encourager les personnes qui vous suivent à faire une sorte de sensibilisation collective afin qu’encore plus de monde soit informé, surtout dans les endroits moins connus de France, DOM-TOM comme les villages de France et les Antilles avec la Martinique qui est le plus victime de ça (moi-même ayant vécu là-bas, c'est vraiment terrible de voir autant de gens si peu informés).

Mot de la fin : Je pense sincèrement que je ne pardonnerai jamais à ma famille de m'avoir fait subir ce cauchemar. Et surtout pas à ma maman. Mais je sais qu'elle essaie de se rattraper. Donc même si on ne vous pardonne pas, on peut quand même se rattraper envers les personnes qui comptent le plus pour nous.

Crystal / IG : systeme_crystal

‹ ›