La violence n'est pas innée chez l'homme. Elle s'acquiert par l'éducation et la pratique sociale.

Françoise Héritier, anthropologue, ethnologue, féministe, femme politique, scientifique (1933 – 2017)

Frappée jusqu’à 18 ans…

Témoignage reçu en réponse au questionnaire du livre La Fessée, Questions sur la violence éducative, d'Olivier Maurel.

 
Avez-vous vous-même été frappé ?
Oui

A partir de et jusqu'à quel âge ?
je ne sais pas à partir de quel âge mais peut être jusque 12/13 ans, le dernier coup (surement le plus humiliant à cause de l’âge) vers 17/18 ans

Par qui ? (père, mère, grands-parents, frère, oncle, autre personne de la famille ou de l'entourage, enseignant...).
Occasionnellement mon père, très occasionnellement ma mère (une ou 2 claques peut être ?) mais surtout mon frère de 5ans mon ainé

Celui ou celle qui vous a frappé avait-il (ou elle) subi des châtiments corporels ?
Sûrement pour mon père (qui avait un père alcoolique), pour ma mère je ne pense pas, mon frère occasionnellement

Viviez-vous dans une société où les enfants sont couramment frappés ?
Oui de façon éducative (la « fessée qui fait du bien »)

Cette manière de vous faire obéir vous a-t-elle été profitable ?
Pas vraiment, ce n’était pas « éducativement justifié » (j’étais une enfant plutôt sage), et j’ai hélas reproduit le schéma sur mon frère de 5 plus jeune … mais ça m’a permis de m’inscrire dans une volonté d’éduquer mes futurs enfants de façon non violente.

Avez-vous l'impression d'en subir encore les conséquences ?
Quelques rancœurs et conflits ressurgissent surtout avec mes parents. Petite et même aujourd’hui je ressens une certaine peur et peut être un peu de culpabilité dès que quelqu’un s’énerve, crie…même si sa colère ne m’est pas adressée et n’a pas de rapport avec moi (est-ce lié ??)

Avez-vous subi cette épreuve dans l'isolement ou avez-vous eu le soutien de quelqu'un ?
Je n’avais pas l’impression d’être malheureuse, et il y avait ma sœur de 1 an et demi mon ainée toujours avec moi (avec qui je pouvais parler)

Voyez-vous un rapport entre votre éducation et votre opinion actuelle sur les châtiments corporels ?
Tout a fait, je suis pour une totale non violence, je serais psychologue clinicienne à la fin de l’année scolaire et aimerais travailler (comme par hasard…) dans la protection de l’enfance

Avez-vous des objections aux idées développées sur ce livre ? Lesquelles ?
Je ne le connaissais pas et ne l’ai pas encore lu

Ce livre a-t-il modifié ou renforcé votre point de vue sur les châtiments corporels ?

Si vous avez voyagé et pu observer des pratiques coutumières de châtiments corporels sur les enfants, pouvez-vous les décrire assez précisément : quelles punitions ? infligées par qui ? à qui (sexe, âge, lien de parenté) ? en quelle circonstance ? pour quelles raisons ? en privé ? en public ?
En Algérie, pays d’origine de mes parents, on parle souvent d’ « harissa dans la bouche » pour les enfants qui n’écoutent pas, un cousin m’a aussi parlé de cuillère à soupe que l’on chauffe et que l’on pose sur le dos de la main. J’en ai surtout entendu comme menace mais je ne sais pas si ça a été mis en acte réellement pour les personnes qui m’en ont parlé

Si vous acceptez de répondre, merci de préciser sexe, âge et milieu social.
Femme, 28 ans, parents ouvrier et mère au foyer d’origine maghrébine

Samia

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