Vous dites : « C’est épuisant de s'occuper des enfants.» Vous avez raison. Vous ajoutez : « Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser. » Là, vous vous trompez. Ce n'est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d'être obligé de nous élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser.

Janusz Korczak, Quand je redeviendrai petit (prologue), AFJK.

Frappée avec la cravache qui servait à « corriger » le chien…

Témoignage reçu en réponse au questionnaire du livre La Fessée, Questions sur la violence éducative, d'Olivier Maurel.

Avez-vous vous-même été frappé ?
A partir de et jusqu'à quel âge ?
OUI, d'après ce que j'ai compris, des tapes sur les mains dès que j'ai été en age de me déplacer seule (je me tenais debout vers 8 mois) et des claques, fessées, coups donnés avec une cravache (une queue de boeuf qui servait à me "corriger" et également à "corriger" le chien...)
J'ai pris ma dernière vraie claque le jour de mes 13 ans, mais mes parents m'ont menacée d'en recevoir une à 29 ans...et ont toujours dit qu'ils se réservaient le droit de m'en mettre une à n'importe quel age!
Après l'age de 13 ans, je me souviens plutot de punitions injustes et non clairement motivées, j'en ressentais autant d'injustice et d'impuissance qu'avec les coups; je précise qu'à 13 ans je mesurais ma taille actuelle, 1m75. Je crois que mes parents ont arrété de me taper pour éviter que je ne me sauve; les punitions étaient toujours des interdictions de sortir de la maison.

Par qui ? (père, mère, grands-parents, frère, oncle, autre personne de la famille ou de l'entourage, enseignant...).
Père+++, mère (claques et coups plutot sur les cuisses), gd-parents (claques)

Celui ou celle qui vous a frappé avait-il (ou elle) subi des châtiments corporels ?
OUI, tous.

Viviez-vous dans une société où les enfants sont couramment frappés ?
OUI, mais nous privilégions les relations qui privilégient la non-violence éducative.

Cette manière de vous faire obéir vous a-t-elle été profitable ?
Je ne frappe pas mon fils et je ne pense pas que cela l'aiderait à mieux grandir. J'ai beaucoup souffert de la violence de mon père (essentiellement) et je porte encore en moi les traces psychologiques de cette éducation, ce "dressage". Cela n'a absolument pas été profitable, aucun doute là dessus. Le contraire serait plus juste, j'ai perdu beaucoup de mon essence.

Avez-vous l'impression d'en subir encore les conséquences ?
OUI

Avez-vous subi cette épreuve dans l'isolement ou avez-vous eu le soutien de quelqu'un ?
Dans l'isolement; ma mère le soutenait et ne me consolait pas, les gens à qui j'ai essayé d'en parler pensaient qu'une bonne raclée remet les idées en place...Je ne parlait pas de cela à l'école, croyant que c'était normal. Aujourd'hui je me rends compte que c'était bien plus fort que ce qui est considéré comme "normal" en terme de violence éducative...

Voyez-vous un rapport entre votre éducation et votre opinion actuelle sur les châtiments corporels ?
Absolument!

Avez-vous des objections aux idées développées sur ce livre ? Lesquelles ?
J'ai seulement lu "la fessée" pendant la grossesse et il m'a profondément émue

Si vous avez voyagé et pu observer des pratiques coutumières de châtiments corporels sur les enfants, pouvez-vous les décrire assez précisément : quelles punitions ? infligées par qui ? à qui (sexe, âge, lien de parenté) ? en quelle circonstance ? pour quelles raisons ? en privé ? en public ?
J'ai vu beaucoup d'enfants en France recevoir des claques, des tapes sur les mains (sur des bébés, moins de 18 mois!) des fessées. J'ai passé quelques mois en Amérique centrale et j'ai été surprise par la proximité des enfants avec leurs parents, le fait qu'ils étaient allaités longtemps et que visiblement ils ne craignaient pas leurs parents qui disaient ne pas les frapper. (Costa-Rica, Panama)

Avez-vous pu observer un rapport entre la pratique des châtiments corporels ou leur absence et la violence ou l’absence de violence des moeurs locales ?
Effectivement, l'absence de chatiments corporels ou de violence verbale semblait donner des enfants plus coopératifs, moins agités. Je connais également en France des amis qui n'ont JAMAIS été frappés, ils sont plus "zen" que les autres, plus coopératifs, patients, tolérants.

Si vous acceptez de répondre, merci de préciser sexe, âge et milieu social.
J'ai 36 ans, je suis une femme (maman d'un petit garçon de 3 ans 1/2) je viens d'un milieu aisé, parents enseignante et
profession libérale.


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