Boris Cyrulnik, Alice Miller et l’enfance des nazis
Par Catherine Barret, membre de l'OVEO
Dans un débat organisé par France Culture (mis en ligne en avril 2014, mais datant de fin 2010) à propos de son livre Mourir de dire, la honte (Odile Jacob, 2010), une personne du public a demandé à Boris Cyrulnik s’il connaissait l’œuvre d’Alice Miller, morte quelques mois auparavant. Répondant aux divers aspects de la question posée, Cyrulnik affirme d’abord avoir « discuté » avec Alice Miller au sujet de l’enfance des dictateurs 1, et présente comme une vérité irréfutable (une preuve de ce qu’il avance et des erreurs d’Alice Miller – on se demande d’ailleurs où il trouve, dans ce cas, l’explication du sadisme et de la destructivité : dans la « nature humaine », probablement ?) la biographie de Hitler par Ian Kershaw et le livre de Daniel Goldhagen, selon lesquels Hitler et les nazis auraient été des « enfants gâtés », particulièrement choyés. Le père de Hitler, dit Cyrulnik, « était une brute, mais il était toujours absent » ! (Il hoche aussi la tête avec condescendance, semble-t-il, quand la personne qui l’interroge à propos d’Alice Miller mentionne le grand-père « juif » de Hitler : impossible). De même, Milosevic aurait été un enfant « surcouvé » (preuve qu’il n’a subi aucune forme de violence éducative ?), et l’éducation ne serait pour rien dans le nazisme, puisque tous les dirigeants nazis étaient « de bonne famille » (!) et choyés, « sauf Göring qui était un psychopathe »… On apprécie le côté scientifique de l’analyse des relations de cause à effet !
Si Alice Miller n’a sans doute pas apporté toutes les preuves factuelles de ce qu’elle avançait (ce n’était d’ailleurs pas toujours possible), nous avons tout de même à l’appui, pour comprendre les mécanismes du sadisme et de la destructivité, notre propre expérience, d’innombrables témoignages, et aujourd’hui de nombreuses recherches scientifiques : sur le développement du cerveau, sur les effets d’une éducation basée sur le stress et le traumatisme (non seulement châtiments corporels, mais contrôle, moqueries et humiliations, système récompenses-punitions, obligation de se conformer à un modèle, chantage affectif, utilisation de l’enfant pour satisfaire les besoins émotionnels de l’adulte… la liste est longue !). Cyrulnik ne reconnaît à Alice Miller que le mérite d’avoir dénoncé la « maltraitance culturelle » (donc en quelque sorte la tradition de maltraiter les enfants, la « pédagogie noire »), mais, dans le même temps, il considère comme preuve que cette pratique n’est pour rien dans la montée du nazisme le fait que les petits Anglais étaient « plus maltraités » que les Allemands ! Les facteurs culturels (histoire, politique, voire… une certaine culture de la désobéissance ?) ne joueraient-ils donc que dans un sens ? Et les petits Allemands seraient-ils nés avec le gène du nazisme ?
Dans sa réponse, Cyrulnik dénonce aussi, comme si c’était là ce qu’avait dit Alice Miller (et non l’inverse !), le fait que les petits Roumains enlevés à leurs familles maltraitantes se sont sentis « beaucoup plus maltraités » par l’idéologie (apparemment relayée par les services sociaux) selon laquelle ils « devaient » devenir eux-mêmes des parents maltraitants ! Difficile de savoir ce qu’on a réellement dit à ces enfants, mais si on leur a affirmé cela, c’était évidemment particulièrement stupide, puisque, précisément, la répétition ne peut avoir lieu que lorsqu’il n’y a ni prise de conscience (oubli, déni), ni révolte contre les traitements subis.
Non seulement, par définition, un enfant maltraité qui sait qu’il l’a été détient déjà une condition essentielle pour ne pas reproduire, mais, même sans cela, jamais Alice Miller n’a présenté la répétition comme une fatalité et un automatisme (cette croyance est finalement le résultat de l’erreur de raisonnement logique assez courante qui consiste à inverser les relations de cause à effet) : elle a seulement affirmé que tous les comportements sadiques (en l’occurrence) venaient du refoulement des émotions de peur, de colère et de haine vécues lorsqu’on a été maltraité dans l’enfance, lorsque ces émotions étaient réactivées par la suite contre d’autres personnes que celles à l’origine du traumatisme, ou contre soi-même (et, si elle ne l’a pas fait elle-même, on peut étendre cette notion de maltraitance à tous les traumatismes subis, y compris par exemple le fait d’assister impuissant à des scènes de violence – par exemple voir sa mère ou ses frères et sœurs subir des violences, cf. les articles de Muriel Salmona).
Il faudrait bien sûr reprendre point par point tous ces arguments, mais le fait est que des « analyses » comme celle de Cyrulnik ne peuvent manquer d’encourager les lecteurs francophones (qui n’avaient pas besoin de cela) à lire dans le témoignage de Martin Miller sur sa mère une réfutation de cet apport essentiel d’Alice Miller dans la compréhension des mécanismes de la haine. Cyrulnik s’en tient aux « mécanismes de la honte », il est lui-même un traumatisé de la guerre, visiblement dans l’impossibilité totale de concevoir une mise en cause de l’éducation elle-même. Pour lui, et malgré sa compréhension intellectuelle de certains apports d’Alice Miller, le seul vrai drame possible, le seul qu’il faut reconnaître, est d’avoir perdu ses parents, non d’avoir vécu avec eux.
A propos des différences culturelles qui contribueraient à expliquer pourquoi le nazisme a pu s’implanter en Allemagne et pourquoi il n’a pas « pris » en Angleterre (où il a cependant eu des sympathisants, comme aux Etats-Unis, il ne faut pas l’oublier – cf. par exemple le livre de Marc-André Cotton George Bush et son père, EIP, 2014), curieusement, c’est dans l’œuvre d’un humoriste britannique que j’ai trouvé les observations les plus éclairantes.
Trois Hommes en balade (Three Men on the Bummel), de Jerome K. Jerome, a été publié pour la première fois en 1900, donc à ce tournant de siècle marqué par l’affaire Dreyfus en France et les prémisses de la guerre de 1914 (revanche de celle de 1870…). Il raconte la balade à vélo de trois Anglais dans la Forêt-Noire, et leurs observations sur les « mœurs » allemandes. Au-delà de la caricature (je ne saurais dire quelle est la part de l’exagération, mais l’étonnement de cet Anglais était bien réel), j’ai été particulièrement frappée, dans ce livre que j’ai relu plusieurs fois depuis mon enfance, par la description de la pratique de la Mensur dans les universités allemandes de l’époque (qui est donc celle de l’enfance de Hitler et des dirigeants nazis).
Tout au long du livre, l’auteur a déjà donné toutes sortes d’exemples de la discipline et de l’obéissance des Allemands – il note par exemple qu’un jeune Anglais, voyant dans un parc un panneau interdisant de marcher sur la pelouse, prendrait cela pour un défi et un encouragement à la transgression (ayant moi-même eu droit, en R.D.A. dans les années 1970, à la réprobation des autres piétons parce que je traversais une rue au feu rouge, en l’absence de tout véhicule très loin à la ronde, les observations de Jerome K. Jerome me paraissent tout à fait vraisemblables…). Cette éducation à l’obéissance absolue et au respect sans discussion des lois (c’est l’« absolu » et le « sans discussion » qui importent ici) me semble être une caractéristique de l’éducation « à la prussienne » qui constituerait déjà en soi une différence culturelle très significative.
Le livre comporte aussi des observations très éclairantes sur l’amour des animaux et de la musique, sujet d’étonnement pour ceux qui ne comprennent pas comment le nazisme a pu naître dans un pays de si haute tradition culturelle. (Or, il me semble que, précisément, une tradition forte de violence éducative envers les enfants peut trouver un exutoire quasi vital dans ces formes de « sentimentalité », exutoire sans lequel la répression des émotions et des sentiments entre humains deviendrait tout à fait intolérable 2…)
Dans l’avant-dernier chapitre, J.K. Jerome note d’entrée que l’enfant anglais joue jusqu’à quinze ans, et ensuite travaille jusqu’à vingt ; le jeune Allemand va à l’école, et il y étudie sérieusement (The English boy plays till he is fifteen, and works thence till twenty. The German boy goes to school at seven o’clock in the summer, at eight in the winter, and at school he studies), avec pour résultat qu’il a à seize ans une instruction suffisante pour tout bon citoyen (sauf s’il veut devenir professeur), que les quatre ans d’université qui suivent sont inutilement longs, et qu’il les passe donc, poursuit l’auteur, à s’enrôler dans des corporations étudiantes dont le seul but est de s’affronter entre elles et d’organiser des duels (la fameuse Mensur) où le jeu consiste à recevoir stoïquement un maximum de blessures, dont on arborera ensuite fièrement les cicatrices entretenues avec soin. L’auteur affirme que cette pratique a été souvent et longuement décrite. Je n’ai certes pas « lu tous les livres »… mais c’est le seul où j’en ai entendu parler. Le dernier chapitre est d’ailleurs consacré aux institutions allemandes, vues par les Anglais (ceux de l’époque !), et s’ouvre par cette phrase : « N’importe qui pourrait gouverner ce pays, dit George ; moi, par exemple. ») Et un peu plus loin :
« De nos jours on entend parler de socialisme, mais c’est d’un socialisme qui ne serait que du despotisme dissimulé sous un autre nom. L’électeur allemand ne se pique pas d’originalité. Il est désireux, que dis-je ? il éprouve l’angoissant besoin de se sentir contrôlé et réglementé en toute chose. Il ne critique pas son gouvernement, mais sa constitution. Le sergent de ville est pour lui un dieu […]. En Angleterre, nous considérons nos agents comme des êtres nécessaires mais neutres. La plupart des citoyens s’en servent surtout comme de poteaux indicateurs ; et dans les quartiers fréquentés […], on estime qu’ils sont utiles pour aider les vieilles dames à passer d’un côté de la rue à l’autre. »
(Etc. ! Je n’ai pas résisté à l’envie de citer un peu longuement – mais c’est encore trop peu – ce texte drolatique… si on laisse de côté, donc, les conséquences de cette éducation !) Il y aurait certes beaucoup à redire à cette appréciation sur les socialistes allemands (dont beaucoup ont payé de leur vie, dans les décennies suivantes, leur engagement pour la liberté individuelle), mais, précisément, cette idée que le socialisme en Allemagne ne pourrait être que « du despotisme sous un autre nom » n’est-elle pas un avant-goût de ce que sera le « national-socialisme » ? Entre l’éducation à l’obéissance absolue des enfants, l’idéologie militaire et le rejet de l’action individuelle et originale, n’a-t-on pas toutes les clés de cette tradition historique et culturelle qui distingue l’Allemagne pré-nazie de l’Angleterre à la même époque ?
Boris Cyrulnik affirme aussi que les enfants anglais étaient « plus maltraités » que les enfants allemands. Quelles preuves apporte-t-il à l’appui ? Le fouet dans les écoles anglaises est un grand classique, et on sait que cette pratique n’a été abolie que tardivement, dans les années 1980 (1986 pour les écoles publiques, 1998 à 2003 pour les écoles privées de tout le Royaume-Uni) (de même, rappelons que la « palette » est toujours en vigueur dans les écoles primaires et secondaires de 19 Etats des Etats-Unis…). Mais quelle est ou quelle était la vraie relation entre les châtiments corporels en milieu scolaire et la violence éducative pratiquée dans les familles ? De quelle tradition historique et culturelle part-on ? A en croire Jerome K. Jerome, au début du XXe siècle, les enfants anglais ne « travaillent » vraiment qu’après l’âge de quinze ans – et, avant cela, seraient donc laissés dans une relative tranquillité.
Est-ce la même chose de dresser des enfants à l’obéissance absolue et au respect de l’autorité dès le plus jeune âge, et de fouetter des collégiens ou des militaires (si inique que soit le traitement) dans un pays où la révolte, l’indiscipline, l’individualisme, l’originalité et l’humour sont socialement valorisés ? Le châtiment corporel peut aussi, dans ces conditions, attiser la révolte, même s’il y a répression des émotions et intériorisation de la violence (l’humour et l’autodérision pouvant jouer dans les deux sens : d’un côté minimiser le sentiment de la violence subie, de l’autre permettre de la supporter et peut-être de dépasser ses conséquences en mettant à distance les abuseurs, en les tournant en dérision). Peut-être cette tradition anglaise du fouet a-t-elle causé au total davantage de perversions individuelles, mais moins de dérives politiques autoritaires ? La question reste ouverte 3. Toujours est-il que, oui, les traditions historiques et culturelles font la différence, même s’il n’est pas absolument certain qu’aucun des pays qui y ont échappé jusqu’ici soit tout à fait à l’abri de la survenue d’un régime autoritaire. A nous d’y veiller, et d’abord en luttant contre la violence éducative sous toutes ses formes, pas seulement sous la forme des châtiments corporels et pas seulement par des interdictions (d’ailleurs rarement respectées lorsqu’elles ne sont pas assorties d’une vraie prise de conscience).
Note d'Olivier Maurel :
A propos de l'enfance de Winston Churchill, voici ce qu'en dit Wikipedia (c'est nous qui soulignons) : Churchill entre à l'école à l'âge de sept ans. Il est placé en octobre 1881 dans la prestigieuse St. George's School d'Ascot. Il a très peu d'argent de poche et vit très difficilement cette première séparation d'avec sa famille. Sa mère, alors connue sous le nom de Lady Randolph, ne lui rend visite que très rarement, malgré les lettres dans lesquelles Winston la supplie de venir ou de lui permettre de retourner à la maison. Il a une relation distante avec son père avec lequel il note qu'il n'a presque jamais de conversation. Ce manque d'affection l'endurcit, il en est conscient et est persuadé que ce qu'il perd étant jeune le servira étant vieux. Le régime dur et discipliné de cette école lui déplaît et ne lui réussit pas : « très franc mais fait des bêtises » est la première appréciation que laissent les professeurs. Plus tard sa nourrice Elizabeth Anne Everest s'aperçoit que des blessures ont été infligées à Winston, et elle alerte les parents qui le changent d'école.
Hitler, qui a lu le récit par Churchill de son enfance, y a vu un signe de faiblesse. Voici ce qu'en dit l'historien François Delpla : « L’épisode est intéressant à rapprocher d’un propos de 1942 où il reproche à Churchill d’avoir raconté ses années de jeunesse d’une manière impudique : une allusion probable au passage de My Early Life dans lequel Winston décrit ses sentiments d’impuissance et d’humiliation lors des corrections que lui valaient sa conduite et son travail scolaires, souvent assez éloignés des attentes de ses pédagogues. En ce 31 août 1942 – un moment où les Alliés, rassemblés par Churchill (qui rentre justement de Moscou), cessent de reculer et préparent les contre-attaques de Stalingrad et d’Afrique du Nord –, le chef de la coalition adverse éructe : [...] "Churchill est un cochon sans principes. Il suffit de lire attentivement ses mémoires pour s’en convaincre. Là, il s’est déculotté en public. Quelle nation qui met une chose pareille à sa tête ?" » Hitler, lui, n’aborde ce sujet ni dans les pages de Mein Kampf consacrées à son enfance, ni dans aucun texte destiné à la publication.
Ainsi, s'il n'est pas question d'idéaliser l'Angleterre, que ce soit pour sa tradition d'humour ou à cause de son rôle aux côtés de la France dans les deux guerres mondiales (comme pour la France, on pourrait citer de nombreux exemples de cruauté, y compris dans les décisions prises par Churchill "endurci" par le "manque d'affection"), il serait tout aussi absurde de minimiser le rôle, dans l'éducation des futurs nazis, d'une tradition de deux siècles de discipline militaire prussienne et de dressage des enfants à l'obéissance dès la naissance (décrite entre autres par Alice Miller dans C'est pour ton bien).
Mise à jour (février 2018)
La question "comment devient-on un criminel" reste récurrente dans les médias, qu'il s'agisse des tueries aux Etats-Unis, du terrorisme ou de la "banalité du mal" chez les nazis (on peut réécouter à ce sujet la revue de presse de Frédéric Pommier sur France Inter le 22 février 2018, qui oublie entièrement la question de la violence éducative et ne trouve donc aucune explication possible à cette "banalité du mal" - pas même les différences entre les individus ! Le "trou noir dans les sciences humaines" est donc toujours aussi profond 4...).
Cependant, au-delà de la tradition ordinaire de la violence éducative, il est important de signaler une cause essentielle de l'adhésion au nazisme de presque toute une génération, celle née pendant la période de l'accession au pouvoir de Hitler, donc à partir de la fin des années 1920 - la génération de ceux qui ont été enfants et adolescents sous le nazisme, et dont beaucoup ont combattu pendant la guerre : la mise en place de l'organisation des Jeunesses hitlériennes et l'enrôlement forcé de tous les enfants et adolescents (non juifs), avec interdiction de toutes les autres organisations de jeunesses qui existaient auparavant, qu'elles soient confessionnelles ou laïques. Le documentaire Jeunesses hitlériennes, l'endoctrinement d'une nation, de David Korn-Brzoza, diffusé le 21 novembre 2017 sur France 2, explique en détail les mécanismes de cet endoctrinement : non seulement l'enrôlement obligatoire, l'endoctrinement idéologique et le conditionnement psychologique et physique (évoluant peu à peu vers l'entraînement militaire), mais la façon dont Hitler, dans ses discours, "valorise" les jeunes, affirme qu'il les aime... mieux que ne le font leurs parents qui les méprisent et ne leur accordent aucune valeur (le documentaire mentionne d'ailleurs opportunément que beaucoup de parents ont été dénoncés comme opposants par leurs propres enfants).
Ce documentaire remarquable nous rappelle donc utilement que non seulement on ne devient pas un criminel sans raison, mais que les causes sont multifactorielles. Les raisons éducatives sont déterminantes dans la "banalité du mal", même si, mis à part la personnalité individuelle, d'autres facteurs externes et la présence ou non de témoins lucides dans l'entourage expliquent aussi que certains individus résistent mieux que d'autres à cette "éducation à la violence".
Principaux articles associés sur le site de l'OVEO :
- A propos du livre de Martin Miller
- Notes sur Le Ruban blanc de Michael Haneke
- Boris Cyrulnik : comment la violence éducative est méconnue par les chercheurs sur la violence (La théorie de la résilience a encore frappé)
- La Violence éducative, un trou noir dans les sciences humaines. Dans ce livre d’Olivier Maurel, plusieurs pages sont consacrées à Boris Cyrulnik (voir en particulier p. 71 sq.)
- Harald Welzer : comment la violence éducative est méconnue par les chercheurs sur la violence
- A la question : « Connaissez-vous les travaux d’Alice Miller ? », il répond d’abord : « Oui, je l’ai connue personnellement, oui. » Cet échange commence vers la 99ème minute de la vidéo (dernière question du public). En réalité, Boris Cyrulnik n’aurait que très peu discuté avec Alice Miller, qui a confié à Olivier Maurel que Cyrulnik « ne l’avait pas écoutée »…[↩]
- Note février 2018 : le documentaire diffusé sur France 2 le 21 novembre 2017 à la suite de Jeunesses hitlériennes..., Magda Goebbels, la première dame du IIIe Reich, jette lui aussi un éclairage passionnant sur une histoire complexe où l'amour des enfants (les enfants Goebbels ne recevaient pas de fessées...) se termine par leur meurtre après l'échec d'une illusion de vie heureuse à la fois publique et privée.[↩]
- Extrait de la présentation de La Souffrance muette de l’enfant sur le site d'Alice Miller : « Non, tous les enfants humiliés et maltraités ne deviennent pas des monstres; mais tous les monstres, tous, ont d'abord été des enfants humiliés et maltraités (les pages sur l'enfance de Staline, qui font écho à celles de C'est pour ton bien sur l'enfance de Hitler, sont à ce titre exemplaires). Seule la confrontation avec cette vérité, jusqu'à présent ignorée dans l'ensemble des civilisations, peut sauver l'humanité de l'autodestruction la plus aveugle. »[↩]
- Le thème de cette revue de presse était dicté par un article du Figaro sur le livre de Daniel Zagury La Barbarie des hommes ordinaires, récemment paru. Dans cet entretien avec l'auteur, la violence éducative brille par sa totale absence, y compris dans l'encadré nous mettant en garde contre l'idée que "tout le monde" puisse devenir un monstre : "Sombrent dans la barbarie des individus chez lesquels préexistent un terreau, des conditions favorables..." qui ne sauraient donc en aucun cas résider dans une éducation violente ? Certains individus seraient donc de naissance prédisposés à la barbarie. En quoi cela est-il rassurant ? Et qu'est-ce qui explique que ces individus soient "tous identiques, superposables" ?[↩]
‹ La violence éducative, un comportement contre nature Est-il juste de restreindre la liberté d’instruction ? ›