« 1 sur 5, le film contre la pédocriminalité »
Karl Zéro fait un travail d’investigation depuis de nombreuses années sur les violences sexuelles faites aux enfants et leur caractère systémique.
Suite à l’ouvrage collectif 1 sur 5, Manifeste contre la pédocriminalité en France écrit avec Homayra Sellier et Serge Garde et paru en en 2020 aux éditions Télémaque, il réalise un documentaire « 1 sur 5, le film contre la pédocriminalité », disponible gratuitement sur sa chaîne Youtube depuis le 25 octobre 2021.
Traumavertissement (trigger warning) : certains propos issus d’extraits de paroles de pédocriminels ainsi que des récits des victimes peuvent heurter.
Cette vidéo très documentée de 1h34 s’appuie sur de nombreux témoignages (victimes, professionel·les de la santé et de la justice), sur des images d'archives, et analyse certaines anciennes affaires de pédocriminalité.
De nombreux thèmes abordés et développés sont communs à ceux qui posent problème dans la lutte contre la violence éducative ordinaire : les théories freudiennes, le « syndrome d’aliénation parentale », l’incapacité et la non-volonté de l’institution d’écouter la parole des enfants, la mémoire traumatique et la dissociation cognitive… S’y ajoute le problème de la prescription des faits et de la récente modification de la loi sur les violences sexuelles.
Avec ce film, la volonté de 1 sur 5 est de confronter les candidats et candidates à l’élection présidentielle à ce fléau :
Nous allons maintenant nous charger d’aller expliquer la réalité de la situation aux candidat.e.s. Leur proposer 5 mesures d’urgences. Et nous vous diront tout. Qui reprend nos mesures dans son programme, qui s’engage à les faire voter dans les cent premiers jours, et qui… n’en n’a rien à faire. Parce que si le fléau pédocriminel n’est pas un enjeu de société, alors…qu’est ce qui en est un ?
Il nous semble important de participer à la diffusion de ce film. Nous tenons à souligner que la violence éducative ordinaire est produite par cette même organisation sociale au sein de laquelle l’enfant est considéré comme un être « mineur », donc minoré. Il n’est pas cru, pas pris au sérieux, considéré comme incompétent, incapable, et comme une personne « en devenir » plutôt qu’une personne à part entière.
Le devoir d’obéissance aux adultes permet l’appropriation du corps et de l’esprit des enfants : par les châtiments corporels, les violences verbales et psychologiques. Cette subordination permet aux adultes d’utiliser le corps des enfants à leurs propres fins, menant parfois jusqu’aux violences sexuelles. Le jeune étant menacé, sous terreur, isolé, sa parole étant décrédibilisée, tout est en place pour que l’adulte, ou le/la plus âgé·e, agisse sans crainte, protégé.e par son statut qui assure le plus souvent son impunité.
Dans son ouvrage Le berceau des dominations, anthropologie de l’inceste, Dorothée Dussy décrit des viols d’aubaine et la structuration de l’ordre social par l’inceste. Elle fait ainsi surgir une violence systémique invisibilisée faite aux plus jeunes, une « grammaire du silence ». Elle nous dit : ce qui est tabou ce n’est pas l’inceste, c’est d’en parler.
Ce sont les enfants, plus encore que les femmes, qui sont les plus nombreux à subir des agressions sexuelles dans notre société* : 81% des viols ont lieu sur des jeunes de moins de 18 ans, 51% avant 11 ans, 21% sur des enfants de moins de 6 ans.
(* Source : https://www.memoiretraumatique.org/campagnes-et-colloques/2019-enquete-ipsos-2-violences-sexuelles-de-lenfance.html)
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