La violence n'est pas innée chez l'homme. Elle s'acquiert par l'éducation et la pratique sociale.

Françoise Héritier, anthropologue, ethnologue, féministe, femme politique, scientifique (1933 – 2017)

Royaume-Uni : le débat sur les châtiments corporels peine à avancer

Octobre 2008

Un groupe de parlementaires britanniques propose d'amender la loi autorisant les châtiments corporels dans la famille

Selon le Daily Telegraph du mardi 7 octobre 2008, plus de 100 membres travaillistes du Parlement britannique ont demandé à leur gouvernement un vote libre [ou « vote de conscience » : chaque député vote sans tenir compte de la ligne de son parti] sur la question des châtiments corporels. Selon les partisans de l’amendement, la moitié des membres de leur groupe ont déclaré qu’ils voteraient en conscience, quelle que soit la position prise par leur parti.

Le châtiment corporel des enfants est désormais interdit dans presque tous les pays de l’Union européenne, sauf quatre, dont la Grande-Bretagne [et la France !].

La loi actuelle autorise les parents à user de châtiments corporels « raisonnables » qui ne laissent pas de marques ni de blessures aux enfants.

La proposition émane d’un groupe multipartis conduit par Kevin Barron, parlementaire travailliste qui préside la commission Santé de la chambre des Communes. « La loi actuelle qui autorise le “châtiment raisonnable” est injuste, dangereuse et peu claire, elle doit être abolie une fois pour toutes », a-t-il déclaré.

Le dernier vote du Parlement sur cette question remonte à 2004.

(Source : www.nospank.net, Newsletter du 8/10/2008, article http://nospank.net/n-r133.htm)

L’article complet du Daily Telegraph peut être lu, il est accompagné de plusieurs dizaines de commentaires où l'on retrouve en majorité les arguments classiques - de la droite à la gauche, de ceux qui s’insurgent contre l’interventionnisme du gouvernement ("on n’aura bientôt plus le droit de rien faire") à ceux qui pensent que les enfants vont devenir tout à fait incontrôlables... Si les parlementaires écoutent les lecteurs du Daily Telegraph, cette loi n’a guère de chances de passer ! C’est d’ailleurs ce qui ressort de l’article lui-même : les députés travaillistes ne semblent pas prêts à mettre en péril leur propre gouvernement pour essayer de faire passer cette loi, contre la majorité de l'opinion publique...


L'état du débat fin 2007

Lu dans Vocable anglais (15-28/11/07, p. 10), cette brève édifiante - accompagnée d'une photo d'un film des années 1950 (non précisé) où l'on voit une jolie maman fesser une adolescente d'une douzaine d'années :

A la suite d'un rapport gouvernemental concluant que la majorité des parents étaient opposés à une telle mesure, les ministres du Royaume-Uni viennent de refuser l'interdiction totale de la fessée. Selon Kevin Brennan, ministre en charge des enfants, les conclusions officielles sur le fonctionnement des nouvelles mesures ne justifient pas une modification de la loi, car, bien que de nombreuses associations demandent une interdiction complète, il semblerait que de moins en moins de parents recourent à la fessée pour corriger leurs enfants. "Le gouvernement maintiendra la loi sous sa forme actuelle, rien ne permettant d'affirmer qu'elle ne fonctionne pas de manière satisfaisante." La déclaration de Mr Brennan fait suite à l'examen par le gouvernement des effets de la loi, qui avait été modifiée par le Children's Act de 2004.

(Traductions et commentaires : Catherine Barret.)

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